Perfectionnisme, perfectionniste et perfection. Quelle est la définition de ces trois termes de notre vocabulaire quotidien et quels en sont les attributs ? Le dictionnaire est notre meilleur ami 🙂
Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales :
Le perfectionnisme est une « inclination, propension, parfois excessive, à rechercher la perfection ».
Quant au perfectionniste, c’est une « personne qui fait preuve de perfectionnisme, qui apporte un soin méticuleux, voire obsessionnel, à tout ce qu’elle fait ».
Et pour finir avec les définitions, la perfection est notamment une «qualité, état de ce qui ne présente aucun défaut ».
La perfection : une notion subjective et partiale
En toutes choses, la perfection s’évalue sur la base de critères établis qui peuvent par ailleurs évoluer dans le temps comme en témoigne, par exemple, la notion de beauté féminine au travers des siècles.
Derrière le terme de perfection se cache donc toujours une notion de référentiel. Ainsi, si le produit qui sort du moule est à l’image même du moule d’origine, qu’il ne présente aucune aspérité, aucun défaut, qu’il répond aux normes fixées, alors on pourra juger que ce produit relève de la « perfection ». Qu’en est-il du produit qui présente un léger défaut ? Est-il bon à jeter au prétexte qu’il n’est pas conforme aux attentes ? Ce défaut ne pourrait-il pas rendre ce produit « parfait » dans un autre cadre, pour une autre utilisation ? En vérité, tout est-il aussi absolu? 😉
Quant à la perfection humaine
Concernant la « perfection » humaine, comment pourrions-nous établir quelque référentiel que ce soit qui permettrait d’en juger ? En effet, comment pourrions-nous déterminer qu’un être humain est parfait alors que chacun d’entre nous est unique que ce soit au niveau de ses éléments biologiques, de ses caractéristiques, de ses qualités, de ses défauts et de tout ce qui le constitue sur le plan physique, psychologique et émotionnel.
En la matière, la perfection n’existe pas : il n’y a pas de mètre étalon à la perfection humaine ! 😉
Ainsi, si quelqu’un me demandait ce qui, selon moi, définirait la perfection humaine, il y a fort à parier qu’une autre personne interrogée sur la même question répondrait de façon totalement différente. Ce que nous estimons parfait, les uns les autres, est donc fonction de critères de référence qui font sens pour nous, individuellement, mais qui varient selon chacun d’entre nous en fonction de nos valeurs, de nos représentations, de nos croyances, de nos présuppositions, des messages que nous avons intégrés et que nous continuons d’intégrer quotidiennement, …en conclusion de jugements personnels.
Les conséquences de cette vaine recherche perfectionnisme
Dans certaines problématiques que certains rencontrent dans leur vie quotidienne, le désir individuel d’être parfait est très souvent source de leurs maux.
En effet, sur la base de critères qui lui sont propres, le perfectionniste définit comment il devrait être, se comporter, agir et il se juge à l’aune de ses résultats vis-à-vis de ses projections qu’il se fait de lui-même. Cela le mène à se fixer des objectifs parfois déraisonnables voire inatteignables et dès lors qu’il ne parvient pas à les atteindre, il se juge négativement et se reproche de ne pas être parfait. Poussée à l’extrême, cette quête de perfection individuelle le tétanise, le fragilise, l’empêche parfois d’agir, et même d’exprimer qui il est vraiment. Au delà de cela, dans sa quête de perfection, il compare ce qu’il fait et/ou ce qu’il est à ce qu’il attend de lui-même et cela blesse son estime de lui-même lorsque les résultats ne sont pas ceux qu’il escompte.
Sur le sujet de l’estime de soi, il est important de comprendre que ce que nous pensons de nous-mêmes influe sur les émotions que nous éprouvons qui influent à leur tour sur notre aptitude à agir. Inversement ce que nous faisons, ou pas, déclenche en nous une émotion qui génère elle-même une pensée sur nous-mêmes. Positifs, ces schémas nous renforcent – cercles vertueux – mais négatifs ceux-ci nous bloquent – cercles vicieux.
Quant au regard des autres…
La situation est la même lorsque nous avons peur du jugement d’autrui qui pourrait estimer que nous ne sommes pas parfaits. Là encore, la perfection « attendue » par l’autre – en réalité ou pire par projection personnelle de ce que pense l’autre – est fonction de ses propres critères de référence, de ses propres prismes. Or nous n’avons aucun pouvoir sur ceux-ci. Alors concentrons-nous sur ce sur quoi nous avons le pouvoir d’agir et dégageons-nous du regard de l’autre. 🙂
Pour en sortir… perfectionnisme
Comment donc sortir des schémas qui impactent l’estime de soi liés à cette quête de perfection ?
Pour cela, il convient de changer le rapport à soi-même : être bienveillant et être son premier supporter !, s’accepter tel que l’on est, se connaître et être honnête avec soi-même, faire taire son critique intérieur et aller rencontrer le sage qui est en chacun de nous et enfin accepter l’idée de l’échec qui n’est jamais qu’un résultat non conforme qui nous permet de progresser, se sentir compétent, se respecter et écouter ses besoins, vivre en accord avec ses valeurs, avoir conscience de sa valeur.
En conclusion, conseil de lecture perfectionnisme
La recherche de la perfection qui s’exprime au travers d’un comportement perfectionniste est donc très souvent une importante source de stress et d’épuisement car, dans cette quête, il n’y a que deux options : la réussite ou l’échec.
Or la réalité quotidienne n’est pas si simple en termes de résultat et il est donc bon d’opter pour davantage de souplesse dans nos comportements.
C’est ce que développe Tal Ben-Shahar dans son ouvrage « L’apprentissage de l’imperfection ». Dans celui-ci, il oppose deux comportements différents face à la volonté de bien faire, de toujours bien agir : le comportement « perfectionniste » stressant (« toujours le mieux ») et le comportement « optimaliste » plus rassurant, positif, adaptatif et sain (« de mon mieux »). « Il plaide pour un apprentissage de l’imperfection au travers duquel pour vivre heureux, il faut accepter de vivre imparfait. »(préface de Christophe André)
Au travers de la comparaison et d’exercices pratiques sur les deux comportements, Tal Ben-Shahar analyse la façon de chacun : d’accepter et vivre l’échec mais aussi le succès, accepter et vivre ses émotions, accepter la réalité…
En retenant les aspects positifs de l’optimalisme, l’auteur développe son application aux domaines de l’éducation, du travail, des relations.
Enfin, il nous invite à méditer sur différents aspects et à nous tourner vers une plus grande acceptation de ce que nous sommes et de ce qu’est la vie.
Ce livre nous invite à un changement de paradigme.