Bien-être et piège du comportement de suradaptation – Janvier 2021

Bien-être, stress, burn-out, lâcher prise, fatigue, anxiété…: des mots qui font quotidiennement la une des journaux, des mots (voire des maux pour certains) devenus usuels dans la communication.

En effet, nombreux sont celles et ceux qui font part de leur quête de bien-être. Ceci s’exprime souvent au travers d’une recherche d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ou d’une recherche de sens. Certes, ces cadres sont essentiels dans cette quête mais tout se joue-t-il directement là?

Chacun a sa propre définition du mot bien-être. Cette définition est en lien avec la recherche du respect de ses besoins personnels profonds, de ce qui est vraiment important pour soi et qui cherche à s’exprimer mais qui ne trouve pas nécessairement l’espace pour le faire, dépassé par les contraintes, les obligations, les faux besoins créés par les environnements, les injonctions parfois contradictoires vécues tout au long de la journée. Ne sommes-nous pas en partie responsables de cette situation ? Ne donnons-nous pas les autorisations à ces toutes choses qui nous enferment ? Peut-être acceptons-nous et sommes-nous entrés dans une logique de fonctionnement incohérente dans nos différents environnements, au regard de nos besoins, prisonniers de nos envies.

Besoins et envies bien-être

Les définitions du mot besoin sont nombreuses et parmi celles-ci, on retiendra :

Un besoin est « une exigence pour l’être humain ou l’animal née de la nature ou de la vie sociale » (le Robert). C’est aussi une « chose nécessaire à l’existence » (le Littré). Ou encore « ce qui est nécessaire pour assurer une existence satisfaisante à un être ou à un groupe » (dictionnaire de l’Académie Française).

D’une façon générale, les besoins sont soit innés, ceux que je qualifierais de besoins réels, soit acquis, ceux que j’identifierais comme des envies.

Les caractéristiques principales du besoin réel sont :

  • que celui-ci est vital (dans le sens essentiel à la survie) et incontournable,
  • qu’il est universel,
  • qu’il est permanent même s’il est satisfait,
  • qu’il est une forte source de motivation et d’énergie,
  • qu’il ne peut pas être nié,
  • qu’il est contraignant dans le sens où il exige d’être satisfait quel que soit le moyen employé pour y parvenir,
  • qu’il provoque de la frustration ou un déséquilibre quand il n’est pas écouté et assouvi.

Le besoin réel est en lien avec le verbe Etre.

L’envie, quant à elle, est un besoin acquis,  un « désir plus ou moins impérieux de faire ou d’avoir quelque chose. » (dictionnaire de l’Académie Française). Elle est personnelle, remplaçable et n’a rien de vital en tant que telle. Elle correspond aux nombreuses injonctions de l’Avoir, du Faire et du Paraître générées par les environnements dans lesquels nous évoluons. 🙂

Pour distinguer besoin et envie, il suffit de se poser la question : est-ce qu’une personne qui vit de l’autre côté de la terre, dans un endroit très reculé, éprouve le même sentiment que moi à l’égard de cette chose qui semble me manquer ?

Si la réponse est oui, il s’agit d’un besoin réel.

Dans le cas contraire, c’est une envie. L’envie pourra, selon les cas, être ou pas, un moyen de satisfaire un besoin plus profond mais jamais plus qu’un moyen. En tout état de cause, il y a plusieurs moyens de pouvoir satisfaire un besoin : certains seront “écologiques” (respectueux) pour la personne et d’autres pas.

Distinction faite entre le besoin et l’envie, on peut mettre autant d’énergie dans la recherche de la satisfaction de l’un ou de l’autre. Dans le premier cas, cela sera bénéfique car en cohérence avec ce que ressent émotionnellement la personne. La satisfaction de ce besoin sera source de bien-être. Dans le cas de la recherche de la satisfaction d’une simple envie, on peut tout à fait négliger ses vrais besoins et par là même aggraver le déséquilibre ressenti.

La pyramide des besoins selon Maslow

L’une des modélisations des besoins les plus connues est celle d’Abraham Maslow. Il a modélisé les besoins humains sous la forme d’une pyramide.

Selon la théorie des besoins de Maslow, la satisfaction du besoin à chaque niveau rend possible le travail à la satisfaction d’un besoin supérieur.

Les besoins physiologiques, de sécurité et d’appartenance sont des besoins primaires. Les besoins d’estime et d’accomplissement sont des besoins secondaires plus directement liés à la personne dans la réalisation d’elle-même.

A la différence du bébé et des animaux, qui eux sont uniquement dans le recherche de la satisfaction de leurs besoins innés primaires, l’homme adulte, quant à lui, est capable de mettre de côté et d’ignorer ses besoins réels profonds pour satisfaire des envies que ses environnements lui font miroiter comme indispensables.

Que ce soit pour satisfaire un besoin ou une envie, l’homme va s’adapter voire se suradapter aux exigences extérieures, éventuellement au détriment de son bien-être.

Adaptation et suradaptation

Qu’est-ce que s’adapter ?

Selon les dictionnaires, s’adapter c’est se conformer, s’accoutumer, se mettre en harmonie avec les circonstances, le milieu.

De tout temps, l’homme s’est s’adapté à ses environnements. Il s’est conformé à certaines de leurs exigences afin de pouvoir finalement satisfaire ses besoins profonds. L’adaptation est donc nécessaire et se fait en théorie selon un principe gagnant/gagnant.

Exemple : je m’adapte à mon environnement de travail car celui-ci me permet de gagner ma vie et satisfait donc mon besoin de sécurité. Dans ce cadre, l’environnement est gagnant puisque je mets mes compétences à sa disposition. De mon côté, je suis gagnant, puisque j’assure l’un de mes besoins essentiels.

Cette notion de gagnant/gagnant est primordiale. Aucune des parties ne doit être lésée dans la relation pour conserver son équilibre. Ainsi, avant de s’adapter, il est nécessaire d’avoir conscience de ses besoins profonds et d’être en mesure de différencier un besoin réel d’une simple envie.

Alors que les besoins humains sont clairement établis (cf pyramide de Maslow), leur satisfaction peut être atteinte de plusieurs façons. La plus écologique de celles-ci est celle qui consiste à rester dans le respect de soi et non de succomber aux envies que l’environnement nous fait miroiter comme la panacée, comme un besoin essentiel.

En effet, nos environnements quotidiens créent artificiellement une grande partie de nos envies. Ils nous laissent croire que nous sommes maîtres de celles-ci et usent parfois de stratagèmes qui parlent à nos émotions. Alors nous nous adaptons. Nous nous conformons, toujours un peu plus, à ce qui est attendu de nous dans l’intention de satisfaire ces envies sans tenir compte de nos besoins réels profonds voire même en bafouant certains.  En tombant dans le piège de ces envies– bien souvent besoins créées de toutes pièces -, nous sommes alors pilotés de l’extérieur, nous perdons le contrôle. Nous ne faisons plus ce qui est bon pour nous mais ce qui est bon pour cet environnement qui nous sollicite toujours davantage. Nous entrons alors dans le piège de la suradaptation. C’est alors que notre bien-être est impacté.

Qu’est-ce que la suradaptation ?

C’est le fait de tenter de s’adapter de façon permanente et toujours un peu plus à toutes les demandes, à toutes les circonstances, à toutes les injonctions dans l’espoir d’atteindre un niveau de satisfaction optimale. Or celle-ci n’est jamais atteinte et un phénomène d’essoufflement apparaît. Les personnes touchées par ce syndrome ont le sentiment qu’elles ne savent pas s’adapter; que le problème vient d’elles. C’est totalement faux ! Au contraire, ces personnes sont atteintes du syndrome d’adaptation à tout prix. Au prétexte d’une quête d’un idéal créé de toutes pièces, les personnes en suradaptation n’agissent plus dans le respect de leur vraie nature et de leurs besoins véritables. Ceci provoque un déséquilibre dans leur être. Ce déséquilibre s’exprime au travers d’une perte d’énergie, d’une démotivation, d’une perte de sens, d’un stress récurrent, voire même d’une angoisse liée à l’inadéquation de la vie vécue au regard de leurs besoins profonds

Finalement, le problème ne tient pas à la capacité de la personne à s’adapter mais tient à l’environnement dans lequel elle évolue.  C’est l’environnement qui est « malade » mais c’est alors le bien-être de la personne qui est touché.

Comment sortir de la suradaptation ?

La solution à la sortie de ce comportement ne réside pas dans une approche d’apprentissage de la gestion du stress car il s’agirait là de proposer de continuer à se suradapter autrement! 😉

La bonne approche consiste à :

* tout d’abord être au clair avec ses besoins réels profonds et différencier l’essentiel du non essentiel. A certains moments de la vie, les besoins à satisfaire peuvent être d’une nature puis d’une autre selon les circonstances. Un besoin peut être satisfait à un moment donné puis ne plus l’être pour une raison ou une autre. Il redevient alors un besoin essentiel à combler,

* faire des choses qui comptent pour soi,

* reprendre son pouvoir de décision sur ce que l’on veut vraiment, ce qui fait sens, ce qui nous motive et nous donne l’énergie et d’agir en ce sens. En clair, être fidèle à soi-même,

* occuper pleinement sa place au cœur de son propre échiquier pour ne pas être un pion dans l’échiquier d’un autre en redéfinissant ses priorités,

* analyser ses environnements et y faire « le nettoyage » nécessaire le cas échéant, voire d’en changer si ceux-ci sont trop toxiques,

* sortir de la quête de perfection,…

En conclusion, un conseil de lecture bien-être

Je vous conseille vivement la lecture de « Le Principe du Petit Pingouin » de Denis Doucet aux éditions Marabout.

Ce livre commence par une courte fable : l’histoire de Little Boy, le petit pingouin heureux qui n’a qu’une envie, celle de toujours bien faire. Ceci n’est pas pour déplaire à Big Mouth, l’énorme phoque à capuchon, qui va le détourner de sa banquise en lui faisant miroiter un plus grand bonheur à condition qu’il suive ses directives. Little Boy, très volontaire, va donc s’adapter quotidiennement un peu plus aux demandes de Big Mouth. Mais les besoins de Big Mouth ne sont pas ceux de Little Boy qui l’apprend aux dépens de son bien-être…

A partir de cette fable, Denis Doucet explicite le phénomène de suradaptation et ses conséquences sur le bien-être. Au-delà de la compréhension et de la prise de conscience, il propose de nombreuses pistes pour en sortir. L’idée principale est de revenir à l’essentiel à savoir la satisfaction de nos besoins profonds sans tomber dans le piège du toujours et encore plus, toujours et encore mieux….

Evoquant les travers de nos environnements et de nos comportements dans ceux-ci, il nous invite à nous remettre au centre de notre échiquier et de nos propres décisions.

Pour renouer avec le bien-être, changeons d’approche et de comportement. 😉 Renouons avec nos besoins, exprimons nos valeurs par l’action, occupons pleinement notre place et jugeons par nous-mêmes de ce qui est bon pour nous. 🙂

Perfectionnisme et perfection : la coûteuse quête de l’absolu – Novembre 2020

Perfectionnisme, perfectionniste et perfection. Quelle est la définition de ces trois termes de notre vocabulaire quotidien et quels en sont les attributs ? Le dictionnaire est notre meilleur ami  🙂

Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales :

Le perfectionnisme est une « inclination, propension, parfois excessive, à rechercher la perfection ».

Quant au perfectionniste, c’est une « personne qui fait preuve de perfectionnisme, qui apporte un soin méticuleux, voire obsessionnel, à tout ce qu’elle fait ».

Et pour finir avec les définitions, la perfection est notamment une «qualité, état de ce qui ne présente aucun défaut ».

La perfection : une notion subjective et partiale

En toutes choses, la perfection s’évalue sur la base de critères établis qui peuvent par ailleurs évoluer dans le temps comme en témoigne, par exemple, la notion de beauté féminine au travers des siècles.

Derrière le terme de perfection se cache donc toujours une notion de référentiel.  Ainsi, si le produit qui sort du moule est à l’image même du moule d’origine, qu’il ne présente aucune aspérité, aucun défaut, qu’il répond aux normes fixées, alors on pourra juger que ce produit relève de la « perfection ».  Qu’en est-il du produit qui présente un léger défaut ? Est-il bon à jeter au prétexte qu’il n’est pas conforme aux attentes ? Ce défaut ne pourrait-il pas rendre ce produit « parfait » dans un autre cadre, pour une autre utilisation ? En vérité, tout est-il aussi absolu?  😉

Quant à la perfection humaine

Concernant la « perfection » humaine, comment pourrions-nous établir quelque référentiel que ce soit qui permettrait d’en juger ? En effet, comment pourrions-nous déterminer qu’un être humain est parfait alors que chacun d’entre nous est unique que ce soit au niveau de ses éléments biologiques, de ses caractéristiques, de ses qualités, de ses défauts et de tout ce qui le constitue sur le plan physique, psychologique et émotionnel.

En la matière, la perfection n’existe pas : il n’y a pas de mètre étalon à la perfection humaine ! 😉

Ainsi, si quelqu’un me demandait ce qui, selon moi, définirait la perfection humaine, il y a fort à parier qu’une autre personne interrogée sur la même question répondrait de façon totalement différente. Ce que nous estimons parfait, les uns les autres, est donc fonction de critères de référence qui font sens pour nous, individuellement, mais qui varient selon chacun d’entre nous en fonction de nos valeurs, de nos représentations, de nos croyances, de nos présuppositions, des messages que nous avons intégrés et que nous continuons d’intégrer quotidiennement, …en conclusion de jugements personnels.

Les conséquences de cette vaine recherche perfectionnisme

Dans certaines problématiques que certains rencontrent dans leur vie quotidienne, le désir individuel d’être parfait est très souvent source de leurs maux.

En effet, sur la base de critères qui lui sont propres, le perfectionniste définit comment il devrait être, se comporter, agir et il se juge à l’aune de ses résultats vis-à-vis de ses projections qu’il se fait de lui-même. Cela le mène à se fixer des objectifs parfois déraisonnables voire inatteignables et dès lors qu’il ne parvient pas à les atteindre, il se juge négativement et se reproche de ne pas être parfait. Poussée à l’extrême, cette quête de perfection individuelle le tétanise, le fragilise, l’empêche parfois d’agir, et même d’exprimer qui il est vraiment.  Au delà de cela, dans sa quête de perfection, il compare ce qu’il fait et/ou ce qu’il est à ce qu’il attend de lui-même et cela blesse son estime de lui-même lorsque les résultats ne sont pas ceux qu’il escompte.

Sur le sujet de l’estime de soi, il est important de comprendre que ce que nous pensons de nous-mêmes influe sur les émotions que nous éprouvons qui influent à leur tour sur notre aptitude à agir. Inversement ce que nous faisons, ou pas, déclenche en nous une émotion qui génère elle-même une pensée sur nous-mêmes. Positifs, ces schémas nous renforcent – cercles vertueux – mais négatifs ceux-ci nous bloquent – cercles vicieux.

Quant au regard des autres…

La situation est la même lorsque nous avons peur du jugement d’autrui qui pourrait estimer que nous ne sommes pas parfaits. Là encore, la perfection « attendue » par l’autre – en réalité ou pire par projection personnelle de ce que pense l’autre – est fonction de ses propres critères de référence, de ses propres prismes. Or nous n’avons aucun pouvoir sur ceux-ci. Alors concentrons-nous sur ce sur quoi nous avons le pouvoir d’agir et dégageons-nous du regard de l’autre.  🙂

Pour en sortir… perfectionnisme

Comment donc sortir des schémas qui impactent l’estime de soi liés à cette quête de perfection ?

Pour cela, il convient de changer le rapport à soi-même : être bienveillant et être son premier supporter !, s’accepter tel que l’on est, se connaître et être honnête avec soi-même, faire taire son critique intérieur et aller rencontrer le sage qui est en chacun de nous et enfin accepter l’idée de l’échec qui n’est jamais qu’un résultat non conforme qui nous permet de progresser, se sentir compétent, se respecter et écouter ses besoins, vivre en accord avec ses valeurs, avoir conscience de sa valeur.

En conclusion, conseil de lecture perfectionnisme

La recherche de la perfection qui s’exprime au travers d’un comportement perfectionniste est donc très souvent une importante source de stress et d’épuisement car, dans cette quête, il n’y a que deux options : la réussite ou l’échec.

Or la réalité quotidienne n’est pas si simple en termes de résultat et il est donc bon d’opter pour davantage de souplesse dans nos comportements.

C’est ce que développe Tal Ben-Shahar dans son ouvrage « L’apprentissage de l’imperfection ». Dans celui-ci, il oppose deux comportements différents face à la volonté de bien faire, de toujours bien agir : le comportement « perfectionniste » stressant (« toujours le mieux ») et le comportement « optimaliste » plus rassurant, positif, adaptatif et sain (« de mon mieux »). « Il plaide pour un apprentissage de l’imperfection au travers duquel pour vivre heureux, il faut accepter de vivre imparfait. »(préface de Christophe André)

Au travers de la comparaison et d’exercices pratiques sur les deux comportements, Tal Ben-Shahar analyse la façon de chacun : d’accepter et vivre l’échec mais aussi le succès, accepter et vivre ses émotions, accepter la réalité…

En retenant les aspects positifs de l’optimalisme, l’auteur développe son application aux domaines de l’éducation, du travail, des relations.

Enfin, il nous invite à méditer sur différents aspects et à nous tourner vers une plus grande acceptation de ce que nous sommes et de ce qu’est la vie.

Ce livre nous invite à un changement de paradigme.

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